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Monsieur le Président, Monsieur Apostolos Tzitzikostas,
Mesdames et Messieurs les Membres du Comité européen des régions,
Mesdames et Messieurs,
Je vous salue chaleureusement à Bruxelles ainsi que dans les régions et les villes.
Au cours de ce semestre, l’Allemagne assure la présidence du Conseil de l’Union européenne. Nous pouvons dire que cette présidence du Conseil se déroule dans un contexte exceptionnel. La pandémie de Covid-19 nous pose des défis à tous les niveaux aussi bien à l’échelle de l’Europe qu’à celle des États membres de l’UE, des régions et des communes. Je ne le vous cacherai pas : c’est avec grande inquiétude que j’observe la nouvelle hausse du nombre d’infections enregistrée dans presque toutes les régions d’Europe. La pandémie a d’ores et déjà coûté la vie à de nombreuses personnes. C'est pourquoi je me dois de vous dire que la situation reste préoccupante.
Nous ne devons pas mettre maintenant en péril les résultats obtenus au cours des derniers mois grâce aux restrictions mises en œuvre. Ces restrictions n’ont été faciles pour aucun d’entre nous. Il est donc d’autant plus important de veiller à ce qu’une nouvelle période de confinement ne soit pas nécessaire et d’éviter de nouvelles surcharges de notre système de santé. Nous devons montrer que nous avons retenu la leçon. Et nous devons demander aux Européens de rester vigilants, de respecter les règles, de maintenir la distance de sécurité, de porter un masque de protection couvrant le nez et la bouche et de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour arrêter la propagation du virus tout en préservant notre activité économique.
En tant que titulaires d’un mandat, vous êtes conscients des défis sur le terrain que ce soit dans les hôpitaux et les EHPAD, les écoles et les jardins d’enfants, dans les entreprises ou dans l’espace public. Nombreux sont ceux parmi vous qui mesurent l'épreuve que peuvent représenter les mesures de contrôle des infections pour une Europe sans frontières - pour les travailleurs frontaliers qui font la navette pour aller travailler dans un pays voisin, pour la coopération transfrontalière entre les autorités de nos pays ainsi que pour les relations entre nos sociétés.
Mesdames et Messieurs, le regard que vous portez sur l’Europe, vos expériences et votre engagement sont ce dont l’Europe a besoin pour surmonter en toute solidarité cette période difficile et assumer sa responsabilité sur le terrain. Sans vous, notre marge de manœuvre en tant que chefs d'État et de gouvernement est limitée aussi limitée que sans les citoyennes et citoyens européens. C'est la raison pour laquelle je tiens à remercier tous ceux qui prennent leurs responsabilités dans les communes et les régions.
La gestion de la crise est une tâche herculéenne qui réussira d’autant mieux que nous saurons agir de concert en Europe. Il était donc extrêmement important d’adopter un ensemble complet de mesures afin de limiter les conséquences économiques et sociales de la pandémie. Tel est l’objectif que poursuivent aussi bien les programmes européens de soutien et de prêts que les décisions du Conseil européen sur le cadre financier pluriannuel et l’instrument de relance doté d’une enveloppe totale de 1,8 billion d’euros. Nous sommes convaincus et je le suis personnellement que la situation exceptionnelle à laquelle nous sommes confrontés nécessite des mesures tout aussi exceptionnelles.
Cependant, ce qui compte à présent, c'est de mettre en place ces mesures afin que les fonds puissent être vraiment utilisés dès le début de l’année 2021. Pour ce faire, nous travaillons d’arrache-pied pour parvenir à un accord avec le Parlement européen. Il nous faut également obtenir dans chaque État membre la ratification de la décision relative au système des ressources propres, c'est-à-dire concernant les sommes allouées au titre du Fonds européen pour la relance. Dans ce cadre, je sollicite également votre soutien sur le terrain.
Il ne s’agit pas seulement d’une action à court terme visant à endiguer la crise : il s’agit là aussi de nos précautions pour l’avenir, afin que l’Europe crée de nouvelles perspectives économiques tout en réduisant sa vulnérabilité face aux crises et en générant davantage d’emplois. Pour y parvenir, nous devons aussi progresser dans des dossiers importants tels que ceux portant sur la lutte contre le changement climatique et la transformation numérique. Ces deux questions constituent des priorités de la présidence allemande.
La compétitivité de l’Europe dépendra de plus en plus de notre capacité à renforcer notre souveraineté numérique et à consolider notre marché intérieur, y compris à cet égard. Le marché intérieur commun est la base indispensable à la réussite économique de l’Europe et de chaque État membre. Mais comme l’ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors, l’a déjà fait remarquer : « On ne tombe pas amoureux d’un marché unique ». C’est pourquoi il est essentiel de veiller à ce que l’homme soit placé au centre de toutes les discussions sur la transition numérique et le développement du marché intérieur. Car c’est justement cela qui distingue notre modèle économique et sociétal européen. Nous ne dissocions pas l’économie du social. Mais le monde entier ne peut évidemment pas partager notre manière de vivre et de travailler. Et c’est justement pour cela que nous, Européens, devons suivre avec assurance notre propre voie, y compris s’agissant de la transformation numérique.
Il en va de même de la lutte contre le changement climatique. Je l’ai dit en juillet dernier devant le Parlement européen et je le répète aujourd’hui : J’ai la ferme conviction qu’une solution globale pour lutter contre le changement climatique sera surtout couronnée de succès si l’Europe joue un rôle de pionnier dans ce domaine. Lors du Conseil européen qui se tiendra dans deux jours, nous nous pencherons sur les objectifs européens en matière de protection du climat. Au nom du gouvernement fédéral allemand, je puis d’ores et déjà affirmer que nous soutenons la proposition de la Commission visant à réduire d’au moins 55 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 d’ici à 2030. De plus, nous nous efforçons d’obtenir un accord au sein du Conseil sur une loi européenne sur le climat - et ce si possible avant la fin de l’année.
Pendant la présidence allemande du Conseil de l’UE, nous voulons également avancer sur la politique européenne en matière d’asile et de migration. Non seulement pour cela, mais aussi en raison de l’incendie du camp de Moria, il est évident qu’en tant qu’Européens, nous devons mieux répondre à nos exigences en matière humanitaire. Une politique migratoire commune revêt donc une importance fondamentale. Toutefois, le fait qu’à ce jour, nous n’ayons pas trouvé de voie commune est un lourd fardeau pour l’Europe. C'est pourquoi j’estime que la proposition de la Commission sur un nouveau pacte sur la migration et l’asile mérite vraiment d’être discutée. En raison de la présence d’intérêts différents, il est nécessaire que nous nous montrions aptes à trouver un compromis. Chaque État membre devra apporter sa contribution pour qu’une solution juste soit trouvée.
Durant cette période, nous devrons également faire des choix décisifs quant à notre relation future avec le Royaume-Uni. Bien des relations le montrent, et notamment les nombreux jumelages entre nos villes : il est dans l’intérêt de tous d’aboutir à un accord. L’UE est unie dans ses efforts visant à y parvenir dans le peu de temps qui nous est imparti. Cela étant, nous devons malheureusement aussi nous préparer à l’éventualité d’une absence d’accord.
Mesdames et Messieurs, aussi différents que soient ces défis et bien d’autres encore, ils ont tous un point commun : pour les relever, nous avons besoin d’une Europe forte d’une Europe dotée d’institutions qui coopèrent efficacement, et d’une Europe constituée d’États membres qui tirent également leur force de structures décentralisées tenant compte des différentes réalités dans les régions, les villes et les communes.
Y compris dans notre lutte contre la pandémie, nous tirons profit de la concrétisation de la subsidiarité et d’acquis européens tels que la libre circulation et les libertés du marché intérieur et de l’espace Schengen. Il suffit de penser, par exemple, à la prise en charge de patients d’autres États membres de l’Union européenne ou à l’approvisionnement en produits d’importance vitale comme les équipements de protection ou les médicaments.
Néanmoins, nous avons aussi constaté qu’en quelque sorte, il n’était pas possible de faire appel de manière illimitée à la coopération européenne. Je le dis de manière tout à fait autocritique. Avec le recul, force est de constater que, surtout au début de la pandémie, nous nous sommes bien trop concentrés sur la lutte contre le virus dans notre propre pays. Mais cette expérience a aussi montré une fois de plus que nous avons besoin les uns des autres. Nous avons besoin d’une coopération européenne étroite afin de relever de grands défis. Nous ne pouvons y arriver qu’avec les citoyennes et citoyens et non en les ignorant.
La conférence sur l’avenir de l’Europe constituera une excellente occasion d’échanger nos idées sur la manière dont nous voulons construire l’Europe ensemble. Nous aimerions dans la mesure où l’évolution de la pandémie le permettra lancer cette conférence pendant la présidence allemande du Conseil et ainsi accorder une importance particulière à notre devise : « Tous ensemble pour relancer l’Europe. »
Je vous remercie de votre attention. Je me réjouis d’écouter à présent vos contributions.
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